"Neige" de Orhan Pamuk ****

Publié le par clochette

 Kerim Alakusoglu n'aime pas du tout son prénom, c'est pourquoi il préfère qu'on l'appelle en utilisant simplement ses initiales c'est-à-dire Ka.

Agé de 42 ans, célibataire, il est passionné de poésie. Turc d'origine, il vit depuis 12 ans en Allemagne une vie d'exilé politique. Il se rend à Kars, petite ville de Turquie car il veut couvrir les élections municipales qui doivent y avoir lieu et essayer de comprendre pourquoi de nombreuses femmes se suicident dans cette ville où il se réjouit de retrouver Ipek, sa camarade d'université, dont il est secrètement amoureux.

A son arrivée, la neige tombe sans interruption depuis deux jours, coupant toutes les communications par route de cette ville avec le reste du monde. ""Et la neige n'avait pas cessé un seul moment  le matin, tandis que Ka marchait dans les rues, pour s'asseoir dans les cafés pleins de Kurdes au chômage, s'entretenir avec des électeurs, papier et stylo à la main en journaliste zélé, grimper les ruelles raides et verglacées des quartiers pauvres et interviewer l'ancien maire de la ville, le préfet adjoint et les proches des filles qui s'étaient suicidées."

Il loge dans un hôtel dont le propriétaire est le père d'Ipek. Il se retrouve dans un café avec elle : elle vient  de se séparer de son mari, Muhtar, car elle n'arrivait pas à avoir d'enfant et ce dernier s'est alors tourné vers la religion.

 Alors qu'ils discutent tous les deux, heureux de ses retrouvailles, le directeur de l'Ecole Normale se fait assassiner sous leurs yeux, probablement parce qu'il n'acceptait pas en cours les étudiantes avec un foulard...

J'ai beaucoup aimé ce livre dont l'auteur a eu le prix Nobel de littérature en 2006. A travers le destin de Ka, personnage principal et fil conducteur du récit, c'est toute l'histoire de la Turquie qui nous est montré et les rapports de force entre les différentes factions : musulmans convertis, musulmans modérés, adeptes du foulard, laïcs. Mais ce roman qu'on peut qualifier de politique est aussi un récit poétique  qui narre de belles histoires d'amour. Car comme toujours, derrière le destin collectif des hommes et des pays se greffent les destins individuels.

"ll y a deux types d'hommes, déclara Ka d'un air pontifiant. Le premier doit savoir, avant d'être amoureux, comment la fille mange son sandwich, comment elle se peigne, de quelle ineptie elle s'offusque, pour quelle raison elle se fâche contre son père, et toutes les anecdotes qu'on raconte à son sujet. Quant au deuxième type, j'en fais partie, pour qu'il tombe amoureux il faut qu'il en sache le moins possible."

Publié chez Gallimard en septembre 2005.

L'avis de Sylvie et de Biblioblog

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P
Depuis que j'ai lu Mon nom est Rouge, j'ai envie de lire tous les livres de cet auteur !
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C
Bon ben il ne reste plus qu'à m'atteler à la lecture de "Mon nom est rouge". Merci de ton commentaire Papillon et à bientôt.
M
Décidement ton livre ne m'inspire pas, j'ai beau avoir changé tous mes neurones récemment rien ne vient. A part, peut-être une grosse envie d'être avec toi.<br /> Continue à nous époustoufler avec tes articles, c'est toi la meilleure.<br /> Un admirateur pas si anonyme que ça.
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A
Les prix Nobel m'effraient toujours un peu, mais ton avis fait envie...
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A
Il faut absolument que je le lise. Il semble vraiment passionnant... J'avais en effet le très bon billet de Sylvie. Merci de l'évoquer.Au plaisir de te relire
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C
Tiens, je vais l'ajouter à ma LAL...
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