"Paris Brest" de Tanguy Viel ***

Publié le par clochette


"Un roman familial sans enterrement, ai je pensé en l'écrivant, ce n'est pas un vrai roman familial".

Cela faisait un moment que je voulais découvrir Tanguy Viel, depuis qu'une copine m'avait dit qu'elle l'avait eu comme camarade de classe et qu'elle avait été soufflée de découvrir son nom sur un bouquin, un jour en se balladant à la Fnac. Certes elle savait qu'à l'époque du lycée déjà il écrivait mais cela lui a tout de même fait un drôle d'effet de le voir sur la couverture d'un livre.

Plutôt que de partir dans le Languedoc Roussillon avec ses parents, le narrateur de ce récit a préféré rester à Brest, où il habite en dessous de chez sa grand mère, dans cette ville détruite par la guerre mais avec "vue sur la rade". Cette femme  est contre toute attente devenue riche, grâce à un homme rencontré au cercle marin où elle avait l'habitude de prendre ses repas. Après qu'elle l'ait aidé à descendre les marches du perron, il lui a proposé de devenir non seulement son héritière mais aussi sa légataire universelle. Après de longues nuits d'hésitation, elle finira par accepter ce leg en contrepartie de quoi elle doit s'occuper de lui jusqu'à sa mort. Mais en prenant cet héritage, elle s'engage aussi à continuer d'employer la femme de ménage d'Albert, madame Kermeur. Or le fils Kermeur est un très bon copain du narrateur : "Mais si on m'avait dit qu'un jour ta grand mère habiterait ici, si on m'avait dit qu'un jour ma mère ferait le ménage chez ta grand mère".

Ce fils Kermeur, que sa mère déteste depuis toujours,  sera le héros du livre ou plus exactement du roman familial qu'il est en train d'écrire. Il sera aussi son bon et son mauvais génie...

Je suppose que les écrivains n'aiment pas qu'on les compare à d'autres, et pourtant en lisant ce livre je n'ai cessé de penser à Laurent Mauvignier, cet autre jeune auteur français. Je trouve que leurs écritures sans souffle, avec de longues phrases laissant de rares moments de respiration mais donnant aussi du rythme au récit,  se ressemblent. Ce n'est sans doute pas un hasard s'ils publient l'un et l'autre  aux éditions de minuit. 

Tanguy Viel nous propose des personnages tous plus crapuleux les uns que les autres, à commencer par le narrateur, escroc aussi à ces heures. Famille, je te hais, pourrait-il dire, et entre le roman qu'il écrit, et le roman de sa vie, il nous propose une tragi-comédie familiale plutôt réussie.

En lice pour le festival de Brive.

Ps : Tanguy, c'est un prénom bien breton, et celui de mon frère. Et si j'avais été un garçon c'est celui que je porterais !

L'avis de Sibylline, plus qu'enthousiaste !

La pertinente revue de presse sur le site des éditions de minuit.

Une critique très pertinente trouvée sur Mediapart

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I
.
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A
je vais le lire, je vais le lire !
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I
Ce roman semble l'occasion rêvée pour découvrir cet écrivain. Merci
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L
Je l'avais repéré en librairie.
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S
Ah mais oui, mais tu ne nous dis pas pourquoi 3 étoiles
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