"La solitude des nombres premiers" de Paolo GIORDANO ***

Publié le par clochette

Ce livre part d'un constat mathématique :

 

"Les nombres premiers ne sont divisibles que par un et par eux mêmes ; soupçonneux et solitaires, certains possèdent cependant un jumeau dont ils ne sont séparés que par un nombre pair". Mattia, jeune garçon brillant et surdoué, est passionné de chiffres.  "À un cours de première année, Mattia avait appris que certains nombres premiers ont quelque chose de particulier. Les mathématiciens les appellent premiers jumeaux : ce sont des couples de nombres premiers voisins, ou plutôt presque voisins, car il y a toujours entre eux un nombre pair qui les empêche de se toucher vraiment. Des nombres tels que le 11 et le 13, tels que le 17 et le 19, le 41 et le 43".

Mattia pensait qu'Alice et lui étaient deux nombres premiers jumeaux. En effet, tous les deux sont des êtres solitaires et étranges. Alice, lorsqu'elle était enfant, détestait l'école de ski auquel son père l'inscrivait tous les ans. Elle en gardera d'ailleurs des séquelles : une jambe avec laquelle elle boite suite à un accident de ski. Refusant par ailleurs la nourriture, elle a des relations troubles avec ses camarades de classe, empreintes d'humiliation et de sadisme, notamment de la part de Viola, qui ne la ménage pas. Mattia, quant à lui, a eu une enfance difficile aussi : élevée avec sa soeur jumelle qu'il adore, elle est cependant parfois pour lui un poids car Michela est handicapée mentale. Il n'a pour ainsi dire pas de copain si ce n'est Denis, un jeune garçon homosexuel. Alice et Mattia vont se retrouver dans le même lycée, s'attirer, se chercher, se perdre, et se retrouver.  Ces deux êtres blessés semblent comme aimantés.

Il y a chez ces jeunes gens quelque chose d'effrayant, une profonde souffrance, qui rendent enseignants et parents perplexes et la première partie de ce livre particulièrement pesante et oppressante. Puis dans la seconde, l'atmosphère se détend, on respire un peu. Ce roman m'a malgré tout laissé un sentiment de malaise, tant la personnalité de ces adolescents est perturbée, non seulement les deux protagonistes mais aussi les jeunes qui les entourent. Pourtant il a retenu mon attention  tant l'écriture est lumineuse. C'est un premier roman talentueux et très prometteur. Une grande force émerge de l'écriture et l'intrigue est originale et bien construite. Bref, à découvrir.

Prix Strega 2008, l'équivalent de notre Goncourt.

Le très beau billet de Sylvie de chez Lecture et autre.


images-fille-sans-qualit--.jpgSi vous avez aimé ce roman, vous aimerez La fille sans qualités  de Julie Zeh

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E
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Y
J'ai beaucoup aimé la solitude des nombres premiers, mais pas du tout la fille sans qualité que je n'ai pas réussi à finir.
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Y
J'ai beaucoup aimé la solitude des nombres premiers, mais pas du tout la fille sans qualité que je n'ai pas réussi à finir.
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S
Bonsoir Je me demande si j'ai bien compris. Dans le 2ème §, c'est "non empreintes d'humiliation et de sadisme" ou au contraire "empreintes d'humiliation et de sadisme"?(une petite erreur est vite arrivée...
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M
Bravo ! J'adore lire tes critiques sur les livres, elles sont très pertinentes !J'ai remarqué que tu comptes lire prochainement "Into the Wild - Voyage au Bout de la Solitude" de Jon Krakauer. Il est parfois un peu long mais je l'ai adoré. Les états d'ame de l'auter qui raconte son histoire au milieu de celle de Chris McCandless. Et surtout il rend l'hommage de McCandless méritait. J'espère que tu l'apprécieras autant que moi. A bientôt
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