"Gamines" de Sylvie Testud ***
J'ai horreur des acteurs qui chantent, des écrivains qui jouent la comédie et des chanteurs qui s'occupent de politique. Alors je ne m'explique pas comment ce livre de Sandrine Testud est arrivé entre mes mains et comment surtout je l'ai ouvert... Je crois que j'en avais entendu parler sur le net... Etonnant, non ? Et bien, fi de mes a-priori, j'ai été agréablement surprise par ce roman largement autobiographique.
Sibylle, 10 ans, alias Sylvie Testud, vit avec ses deux soeurs Corinne, 12 ans et Georgette, 8 ans, avec leur mère qui les élève seule à Lyon dans le quartier de la Croix Rousse. La vie n'est pas facile pour cette femme regardée d'un mauvais oeil par le voisin, pensez vous une famille monoparentale, quelle horreur ! Sybille et ses soeurs se posent beaucoup de questions sur ce père absent, dont on sent qu'il est détesté par la famille entière et franchement indésirable. Pourtant elle ne peut s'empêcher de se poser beaucoup de questions jusqu'à chercher une photo cachée pour voir à quoi il ressemble.
L'absence du père est le thème central de ce roman. J'ai été touchée par la vie de cette fratrie, en l'occurence ces trois soeurs dont le livre fait bien revivre le charme de l'enfance avec ses disputes, ses solidarités aussi. S'y ajoute la vie de leur mère, la façon dont elle assume sa "drôle de vie" et la façon dont les filles ont du mal à accepter un nouvel homme ... Jusqu'aux retrouvailles avec ce père à la fois absent physiquement et pourtant omniprésent dans leurs pensées.
Récit d'une vie, récit d'une souffrance, récit d'une enfance malgré tout heureuse, récit d'une histoire d'amour, ce livre dit les choses simplement. A la fois triste et gai, il dit et montre la façon dont les choses ont été ressenties. Il fait preuve d'objectivité et pourtant je ne peux m'empêcher de trouver le choix de l'héroïne à la fin du livre profondément injuste. Mais sans doute ne peut-elle faire autrement et en quelque sorte ce livre rend malgré tout hommage à son père (et à sa mère). Il aurait pu s'appeler "Chroniques d'un amour raté mais éternel"
La photographie de couverture est magnifique et illustre superbement ce texte nostalgique sur l'enfance et les occasions manquées.
Un autre avis dans Les jardins d'Hélène et Délit de Lecture