"Un cri d'amour au centre du monde" de Kyoichi KATAYAMA ***
Sakutaro est un adolescent qui tombe amoureux d'Aki avec qui il va partager beaucoup de moments de bonheur . Ayant tissé des liens d'amitié avec elle en classe de quatrième, il est toujours attiré par cette jeune fille dont il va se rapprocher au lycée jusqu'à vivre une histoire d'amour avec elle, qu'il imagine éternelle. Mais Ayi va mourir, foudroyé par un cancer. Comment se relever et quel sens donner à sa vie après un tel drame ?
Ce livre aborde de façon sensible et poétique, avec beaucoup d'émotion et de retenue le thème de la mort d'un être cher, mais aussi le thème de la mort tout court. Que devenons nous après notre vie sur terre ? Au delà des convictions de chacun, ne restons nous pas vivants surtout à travers le souvenir que les autres gardent de nous ?
De belles paroles prononcées par le grand-père de Sakutaro, confronté lui aussi à la perte, l'aideront à continuer à vivre...
Ce récit, malgré le thème, n'est pourtant pas larmoyant. Je pense qu'il touchera particulièrement les personnes qui ont eu à vivre un deuil. Il se démarque de la production actuelle par sa grande sobriété : une jeune fille malade et qui va mourir, ses parents, un jeune homme amoureux d'elle et son grand père. Très peu de personnes dans ce roman épuré qui est un grand cri salutaire d'amour mais aussi de vie. Car il faut bien se relever après un tel drame.
Décidément j'aime de plus en plus littérature japonaise, dont la production de qualité permet de découvrir des récits souvent intimistes comme c'est le cas ici ou avec une dimension plus fantastique.
"Un cri d'amour au centre du monde" de Kyoichi KATAYAMA, Presses de la Cité, 2006
"Je fus alors saisi d'une certitude terrible. Aussi longtemps que je vivrais, je ne voulais pas être plus heureux que maintenant. Je ne voulais aspirer qu'à une chose : tenter de conserver ce bonheur précieusement aussi longtemps que possible. Car j'étais effrayé par ce que je ressentais. Si la quantité de bonheur attribuée à chacun d'entre nous est limitée, alors j'étais peut-être en train de dépenser la part de toute ma vie."
"J'écoutais d'un air distrait leur dispute. Je ne comprenais pas comment ils pouvaient continuer à se chamailler comme si de rien n'était. En même temps, je savais qu'ils s'efforçaient de me changer les idées. Mais à quoi bon ? Aki n'était plus là. A quoi bon parler, se disputer ? Plus rien n'existait."