"Mammifères" de Pierre MEROT ****
"L'oncle a quarante ans et vit dans un studio de 30 m2". Pas d'enfant, pas de maison non plus si ce n'est la maison d'édition qu'il fréquente.
Ce personnage haut en couleur, qui ressemble étrangement à l'auteur, dépressif, alcoolique, est un anti-héros.
Mais derrière l'homme cynique et désabusé, qui ne croit plus en rien, figure du "raté" si l'on s'en tient aux normes de notre société conformiste, se cache non une banale auto-fiction mettant en scène un homme égocentrique passant son temps à se regarder le nombril mais une critique certes acerbe mais lucide de notre société et de ses institutions : le mariage, l'éducation nationale, les maisons d'édition mais aussi les relations familiales, les femmes, la vie quoi...
Et malgré le pessimisme du propos, on se prend à rire ou du moins à sourire devant certaines descriptions qui ne manquent pas d'humour et de clairvoyance : "La salle d'attente du psychiatre est un endroit très rassurant. Il suffit d'y rester cinq minutes pour connaître un début de guérison. Une femme prostrée sur le canapé ne répond pas à votre salut amical et joyeux. Elle a les yeux cernés et les ongles rongés. Elle va visiblement très mal. Vous vous sentez en pleine forme par rapport à elle. Vous pouvez repartir. Vous n'aurez rien payé."
Si l'oncle a "raté" sa vie, il n'a pas raté ce livre qui a obtenu en 2003 le prix de Flore qui récompense une oeuvre qui "allie jeunesse, originalité et modernité".
Publié chez Flammarion, sorti en poche