"Le ministère de la douleur" de Dubravka Ugresic ***
"On nous avait privés du pays dans lequel nous étions nés et du droit de mener une vie normale. On nous avait spoliés de notre langue. Nous avions tous connus l'humilation, la peur et l'impuissance."
Les autorités néerlandaises accordant une aide sociale et un logement aux réfugiés d'Ex Yougoslavie, beaucoup se retrouvent à Amsterdan où Tania, yougoslave elle même et spécialiste des langues slaves, enseigne. Dans son cours, elle se retrouve avec des élèves à peine plus âgés qu'elle et qui, comme elle, ont fui leur pays. Mais comment enseigner une matière et une langue qui officiellement n'existent plus ? Une langue dont le pays a disparu. Tania demande alors à ses étudiants de décrire ce qu'ils ont retenu de leur pays, afin qu'il continue à vivre, dans un musée virtuel dédié à la "Yougonostalgie" : du premier vélo à l'anniversaire de Tito en passant par les violences subis dans ce pays en guerre Mais vivre dans le passé va-t-il leur permettre de se construire un avenir ?
Ce livre décrit très bien la douleur de l'immigration, la perte d'un pays. Que vaut-il mieux de la mémoire ou de l'oubli ? C'est toute l'interrogation de ce livre. A travers l'enseignement de cette femme, la romancière met en exergue la difficulté du statut des ex yougoslaves aujourd'hui.
Un roman qui interroge et revient sur un conflit presque oublié. Un livre qui montre toute la douleur de l'exil, toute la nécessité de l'oubli. Avec la force d'une écriture qui mêle tragédie et ironie. Un livre douloureux mais essentiel.