"Tels des astres éteints" de Léonora Miano ***
Amok habite un immeuble où il entend souvent son voisin brutaliser sa femme. Un soir, il finit par se résoudre à appeler la police tellement cela devient inquiétant. Cela lui rappelle son enfance avec sa soeur Ajar et la violence de leur père...
Aux yeux de Schrapnel, son meilleur ami, Amok est un mélancolique qui est trop tourné vers le passé. Schrapel , qui bénéficie d'une bourse d'études qui lui permet de renouveller régulièrement son titre de séjour, est un rebelle.
Amok retrouve au sein de "La fraternité" - une organisation dont le but est de s'occuper de "tout un peuple à redresser, dont les enfants naissent enchaînés, par une dette qu'ils n'avaient pas contractée" - Amantla, une jeune femme métisse.
Qu'ont en commun ces trois personnages ? Ils ont tous la même couleur de peau : ils sont noirs.
"Tels des astres éteints" est construit autour de ces trois personnes. Plus qu'un roman, je pense qu'on peut parler d'essai, voire de pamphlet qui pose une question essentielle : Qu'est ce qu'être noir aujourd'hui sur "le continent" ? Et être noir n'est pas la même chose qu'on s'appelle Amok, Schrapnel ou Amantla. Pourtant tous les trois ont une difficile hérédité en commun à assumer.
De l'apparition d'un présentateur noir à la télévision en passant par la lutte contre l'esclavage, l'apartheid, Léonora Miano connaît très bien l'histoire de son peuple et surtout de ses souffrances. On sent qu'elle a à coeur de nous faire prendre conscience du poids de cette hérédité sur la vie des Noirs mais aussi sur le regard que nous pouvons parfois, nous les Blancs, y porter : "Des vigiles noirs lui tournaient le dos. Il était inutile d'entrer pour s'apercevoir qu'ils étaient tous les deux grasouillets, incapables de courir après le moindre voleur à l'étalage. Ils étaient noirs, cela suffisait à effrayer, dans ce magasin comme dans d'autres".
Ce livre est un livre ambitieux, qui pose beaucoup de questions. Mémoire, crise identitaire, héridité, il existe plusieurs façons de se penser noir mais toujours une même difficulté à le vivre. Ce livre est prenant, il contient une certaine violence et lorqu'on le referme on ne voit plus les choses de la même façon. On y apprend aussi beaucoup de choses.
Ce n'est pas un livre gai que je vous propose en cette veille de printemps et pourtant je pense que c'est un livre qui comptera. Et malgré sa difficulté, on le lit rapidement tant la force de l'écriture nous pousse à tourner les pages.
Une très intéressante vision de ce livre est proposée par l'auteur elle même.
Pour ma part, je l'ai reçu gracieusement grâce à l'opération Masse critique à laquelle je me suis inscrite et organisée par Babelio. Un principe plutôt sympa qui consiste à recevoir un livre de son choix parmi une liste proposée en s'engageant à en publier une critique sur son blog et sur le site de Babelio, qu'elle soit bonne ou mauvaise. C'est donc chose faite ! Voici encore un livre de plus qui passe de ma PAL à mes étagères. Mais comme ma PAL est régulièrement alimentée par vos supers billets amis bloggeurs et bloggeuses , elle ne désemplit pour autant pas !