"Portrait de l'écrivain en animal domestique" de Lydie Salvayre ***
Tobold, le roi du hamburger, propose un jour au narrateur de ce récit de faire sa biographie. Malgré son aversion pour cet homme, l'écrivain accepte de se transformer en hagiogrape sans mesurer vraiment l'engagement que ce sera de devenir le biographe d'un homme sans scrupule, d'un patron vendu au capital. Pourtant il accepte tout d'abord pour des motifs d'ordre financier mais pas seulement : aussi par curiosité pour le monde des affaires et par attirance pour ce qui lui est a priori contraire, lui l'intello épris d'absolu... Mais contre toute attente, la narrateur va peu à peu se toboldiser...Ce pamphlet volontiers satirique est tout à la fois le portrait d'un homme abjet mais aussi celui d'un écrivain qui se fourvoie, se laissant influencer , profitant des largesses de son employeur. Critique aussi de cette société de l'argent et du profit. Caricature enfin d'un dictateur, d'un homme mégalomane avec malgré tout un récit touchant sur son enfance. Car comment lorsqu'on a été rien, ne pas souhaiter être tout grâce à la puissance de l'argent ?
Avec un ton insolent, Lydie Salvayre nous offre une fable cynique et critique sur le monde qui nous entoure, et lance ainsi une réflexion sans concession sur notre façon de réagir.
On rit, on s'amuse, on s'offusque. Bref, une fable sur le pouvoir de l'argent qui fait passer un bon moment.
Seuil. Fiction et Cie. 2007